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Fin à la violence dans les communautés autochtones : pratiques exemplaires dans les centres d’hébergement autochtones et communautaires

Numéro d’article: C0544

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Ce projet, entièrement financé par Condition féminine Canada (CFC), a démarré par une visite
dans les maisons d’hébergement des deux communautés de la Première nation de Fisher River
à Koostatak et la Première Nation de Mathias Colomb (connue également sous le nom de
Pukatawagan) du Manitoba. L’objectif était de développer une étude des pratiques exemplaires
(ou meilleures pratiques) en matière de lutte contre la violence familiale dans les communautés
autochtones, inspirée des discussions sur les approches coopératives intégrant les contributions
d’autres agences et organismes. Cette phase pilote a abouti à la rédaction par le même
auteur d’un rapport intitulé « Ending Violence in Aboriginal Communities : Women and
Community Agencies » (Mettre fin à la violence dans les communautés autochtones : agences
communautaires et à l’intention des femmes, 31 mars 2005), commandé par le Cercle national
des Autochtones contre la violence familiale (CNACVF).
Au terme du projet, dix autres établissements avaient été visités. Pour déterminer le choix de
ces maisons d’hébergement, le CNACVF a pris en considération leur emplacement (collectivités
situées en zone urbaine ou rurale, isolées et celles d’accès spécial), dans une réserve et hors
réserve, à travers tout le Canada, en se référant au système de classification en 4 zones géographiques
des Affaires Indiennes et du Nord Canada. Un organisme non autochtone (YWCA) a
également été choisi en raison de l’importance de sa clientèle autochtone, « Autochtone »
désignant selon la constitution canadienne (Loi constitutionnelle de 1982) les Indiens, les Métis
et les Inuits.
Par ailleurs, au moment de démarrer cette étude, nous avons été informés qu’un autre organisme
national autochtone menait une étude similaire dans les territoires Inuits. Afin d’éviter le
dédoublement des efforts, ces régions ont donc été ignorées. De plus, l’un des établissements
sélectionnés, le Foyer pour femmes autochtones de Montréal, desservait une importante clientèle
inuit.
Les consultations ont donc eu lieu dans les 12 maisons d’hébergement suivantes. Parmi
celles-ci, le Mamawehetowin Crisis Centre de la Première Nation de Mathias Colomb n’a pas fait
l’objet d’une visite mais a été représenté par sa directrice lors de la session de Koostatak au
Manitoba. À l’exception de la session de mars 2005 au Manitoba, toutes les consultations ont
eu lieu au cours des mois d’août à novembre 2005
• Akwesasne Family Violence Centre (Akwesasne, Ontario)
• Nuxalk Nation Transition House Society, Snxlhh Tran (Bella Coola, Colombie-Britannique)
• Kitchenuhmaykoosib Equaygamik (Big Trout Lake, Ontario)
• Xolhemet Second Stage Housing Facility (Chilliwack, Colombie-Britannique)
• First Nation Healing Centre (Koostatak, Manitoba)
• Paspew House (Fort Chipewyan, Alberta)
• Mamawehetowin Crisis Centre (Première Nation de Mathias Colomb, Manitoba)
• Foyer pour femmes autochtones de Montréal (Montréal, Québec)
RESUMÉ 7
• Première Nation Siksika (Siksika, Alberta)
• YWCA of Prince Albert (Prince Albert, Saskatchewan)
• Nukum Munik Women’s Shelter (Sheshatshui, Labrador et Terre-Neuve)
• We’koqma’q Family Healing Centre (Waycobah, Nouvelle-Écosse)
Il est important de noter que la Première Nation Siksika, située dans l’est de l’Alberta, ne
dispose pas de maison d’hébergement. Malgré le fait que la communauté soufFrançais cruellement
de ce manque (90% des rapports de police concernent des cas de violence familiale), tous les
efforts de recherche de financement réalisés depuis plusieurs années ont été infructueux.
Le bilan de la visite de ces 12 établissements est sans appel : les stratégies de lutte contre la
violence familiale sont extrêmement limitées dans les collectivités autochtones – elles en sont
à peine à leurs balbutiements. Cela s’explique principalement par l’absence d’une prise de
conscience face aux conséquences d’une telle situation. Le manque de ressources, actuel et à
long terme, peut également en être tenu responsable. Une autre explication possible est que
dans de nombreux endroits, la violence conjugale est considérée comme étant normale. Ceci ne
fait que souligner la nécessité de sensibiliser davantage la population aux effets néfastes à
long terme de ce problème.
Par ailleurs, les maisons d’hébergement pour les femmes sont la seule ressource en matière de
lutte contre la violence familiale dans les diverses collectivités examinées, où peu d’actions
pour trouver de l’aide sont entreprises afin de régler ce problème. Ce qui soulève la question
de savoir s’il faut considérer les maisons d’hébergement pour les femmes comme étant les
premiers organes de lutte contre la violence familiale dans les collectivités autochtones. Les
maisons d’hébergement souhaitent peut-être n’être que l’un des principaux organismes constituant
le fer de lance des efforts accomplis dans ce secteur au sein d’une communauté.
L’absence de financement est caractéristique des maisons d’hébergement autochtones et montre
à quel point les ressources et le temps alloués à la planification et au développement de
stratégies communautaires de lutte contre la violence familiale sont insuffisants, ne serait-ce
que pour proposer un modèle qui puisse être diffusé ailleurs dans le pays.
En raison de l’insuffisance scandaleuse des ressources, la formation du personnel des maisons
d’hébergement pour femmes autochtones est réduite au strict minimum. Les normes de
programmes, aussi officieuses soient-elles, sont donc variées. L’augmentation des fonds
accordés, quels qu’ils soient, n’est même pas ajustée à la hausse du taux national d’inflation.
Il s’agit d’un problème particulièrement grave car ces établissements n’ont souvent qu’une
seule source de financement et reçoivent très peu de soutien des autres organismes susceptibles
de les aider dans les moments de « vaches maigres ».
Rassembler de l’information sur les meilleures pratiques avait un autre objectif : celui de mieux
connaître les besoins spécifiques des maisons d’hébergement dans le domaine de la formation,
du renforcement des capacités et des autres types de soutien que le CNACVF et ses partenaires
pourraient offrir. Dans l’avenir, cette information peut servir d’indice d’évaluation des réels
besoins en formation.
Une des principales constatations de ce rapport est que le succès d’une maison d’hébergement
dépend largement de sa directrice. D’une manière générale, on peut affirmer qu’une directrice
de maison d’hébergement efficace favorise une plus grande sensibilisation de la communauté
à la violence familiale et à ses conséquences, et cette prise de conscience peut permettre de
donner son élan à une action communautaire positive. On pourrait s’appuyer sur cette conclusion
pour développer un programme de formation qui permettrait aux directrices de maisons
d’hébergement de mieux gérer leurs établissements.
Quoi qu’il en soit, ce rapport met l’accent sur les pratiques exemplaires en raison de leur
éventuelle utilité pour les membres du Cercle, qui comptent également parmi eux les maisons
d’hébergement créées par le ministère des Affaires Indiennes et du Nord Canada (au nombre de
35 à travers le pays). Signalons qu’au moment où les maisons d’hébergement ont été créées
dans les réserves, au début des années 90, aucune somme d’argent n’a été allouée à la formation
des directrices et du personnel de ces établissements. Depuis lors, la direction et les
employées de ces maisons d’hébergement n’ont souvent pu faire fonctionner leur établissement
qu’à coups de « tâtonnement ». La vie quotidienne en mode de crise contribue également
au manque d’uniformité et à la moindre efficacité de la livraison des services dans les maisons
d’hébergement pour femmes autochtones à travers le pays.
Les catégories de pratiques exemplaires citées dans ce rapport sont les suivantes :
• Emplacement
• Sécurité
• Administration (personnel, règlements de l’établissement, admission, collecte de
données, travail en réseau et protocoles)
• Financement
• Participation communautaire
• Programmes (en général, pour les hommes, pour les enfants)
• Formation / renforcement des capacités
• Suivi
• En cas d’absence de maison d’hébergement
Sont cités également les obstacles et les défis rencontrés par une maison d’hébergement, de
même que des observations générales concernant ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
En général, les pratiques exemplaires énumérées dans le présent rapport ont été chaudement
recommandées par les directrices exécutives et les employées que nous avons interrogées et
sont censées permettre d’obtenir les résultats escomptés par les directrices de maisons
d’hébergement. Ces pratiques découlent parfois de tâtonnements, parfois du simple bon sens
et parfois d’une expérience sur le terrain. En raison des diverses influences culturelles et
régionales présentes dans un pays aussi vaste que le Canada, les meilleures pratiques ne s’appliquent
pas à toutes les régions.

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Date

2005