Centre de documentation
Retour

Le rôle de la santé humaine et de la santé animal dans la résistance aux antimicrobiens

Numéro d’article: C0563

Téléchargement :

La résistance aux antimicrobiens (RAM) n’est pas une chose nouvelle; en fait, il s’agit d’un
phénomène biologique naturel connu depuis la découverte des antibiotiques. Au début du XXe
siècle, elle s’établissait lentement et constituait un problème qui généralement pouvait être résolu
au moyen d’une solution simple : la création de nouveaux médicaments. Aujourd’hui, cependant,
la surutilisation des antimicrobiens a provoqué une augmentation alarmante de l’éclosion et de la
propagation des RAM, ce qui a entraîné l’apparition de superbactéries ne pouvant pas être
traitées à l’aide des médicaments existants. En raison de la rapidité avec laquelle apparaissent et
se propagent les RAM, ce problème est universellement reconnu comme constituant une
préoccupation pour la santé publique à l’échelle mondiale. Les pays du monde entier
conviennent de l’ampleur du problème, notamment depuis la publication d’un rapport de 2014 de
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2014) signalant la gravité cet enjeu.
Les conséquences de la RAM à l’échelle mondiale nécessitent la prise de mesures immédiates.
Bien que les experts en santé publique admettent que le monde est arrivé à un point de bascule
critique, la plupart s’entendent pour dire que la situation peut être renversée et que les
gouvernements et les décideurs ont le pouvoir de mettre un Françaisin à la propagation de la RAM. Ce
renversement ne pourra cependant se faire au moyen de la solution simple qui prévalait au début
du XXe siècle, soit la création de nouveaux médicaments. Cette solution n’est plus viable pour
diverses raisons, la plus préoccupante étant le taux accéléré de propagation de la RAM. Une
intervention rapide et coordonnée entre les pays et au sein de ceux-ci est donc nécessaire pour
faire face à cet enjeu, sans quoi le milieu de la santé mondiale risque d’être bientôt confronté à la
menace d’un retour à l’ère pré-antibiotiques.
Une première étape à franchir dans la lutte contre ce problème grandissant de santé publique est
de mieux comprendre comment nous en sommes arrivés à ce point de bascule critique et quelles
mesures peuvent prendre les gouvernements, les décideurs ainsi que les systèmes et les
fournisseurs de soins de santé pour renverser ou juguler la progression des cas de RAM. De
l’avis général, des interventions sont nécessaires dans divers secteurs et à différents niveaux et
celles-ci doivent comprendre les éléments suivants : des campagnes mondiales de sensibilisation
du public à la question de la RAM et de l’utilisation des antimicrobiens (UAM), une
amélioration de l’assainissement et de l’hygiène afin de contrôler la propagation des infections,
une réduction de l’UAM non thérapeutique en agriculture, une augmentation des investissements
dans la vaccination et dans les solutions de rechange aux antimicrobiens, une surveillance accrue
de l’UAM et de la RAM, l’élaboration d’un essai de diagnostic rapide afin d’améliorer les
pratiques de prescription, des investissements en capital humain dans le domaine de la lutte
contre les maladies infectieuses, ainsi que des mesures d’incitation à la recherche et à la mise au
point de nouveaux antimicrobiens (O’Neill, 2016). Compte tenu du fait que [traduction] « le
recours à un antimicrobien n’importe où peut accroître la résistance à tout antimicrobien partout
ailleurs » (O’Brien, 2002), il est nécessaire de connaître les différents contextes dans lesquels les
antimicrobiens sont utilisés, comme la santé humaine, la santé animale et l’agriculture, afin de
dresser un portrait complet de la situation et de comprendre ce qui cause l’accélération sans
précédent de la RAM et comment elle peut être renversée.

Auteurs

Numéros d'article

Type de document

Date

aout 2016