Le 30 septembre dernier, la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) s’est rendue dans la communauté de Pikogan pour participer à deux événements riches en émotions et en symboles, marquant un pas de plus vers la guérison collective.
L’ancien pensionnat de St-Marc-de-Figuery : un lieu de mémoire vivante
Dès notre arrivée sur le site de l’ancien pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery, l’atmosphère était empreinte d’une profonde énergie spirituelle. Il semblait que les ancêtres eux-mêmes veillaient sur cette terre marquée par des souffrances indicibles. Plus d’une centaine de personnes, provenant de nombreuses communautés des Premières Nations, étaient rassemblées dans un silence solennel pour se recueillir et honorer la mémoire des enfants disparus et de ceux qui ont traversé ces épreuves.
L’événement a débuté par un immense cercle de prière en soutien aux marcheurs de la Grande marche Mamu Nikantetau de Puamun Meshkenu, alors qu’ils s’apprêtaient à entamer les 25 derniers kilomètres de leur parcours. M. Édouard Kistabish, un membre respecté de la communauté de Pikogan, a offert une prière très touchante. Ses mots d’espoir, de réconciliation et d’amour ont traversé l’assemblée avec une force vibrante. Il a rappelé l’importance de l’unité et de l’amour entre tous, qu’ils soient membres des Premières Nations ou allochtones, soulignant que la réconciliation ne peut s’accomplir que dans l’écoute et la solidarité mutuelles.
Les chefs et les grands chefs présents ont ensuite livré des discours empreints d’espoir. Ils ont souligné l’importance de reconnaître les survivants des pensionnats et de leur offrir l’espace nécessaire pour guérir. Leur dignité et leur résilience ont été honorées, dans un hommage profondément respectueux.
Les voix des survivants : un témoignage de résilience
Au cœur de cette journée, plusieurs survivants du pensionnat de Saint-Marc-de-Figuery ont eu le courage de briser le silence et de partager leur histoire. Leurs témoignages remplis d’émotion nous ont rappelé les tentatives d’assimilation qu’ils ont subies, ainsi que les abus qui ont marqué leur passage au pensionnat. Chaque parole portait la mémoire de moments volés, de souvenirs qui, malgré le temps, ne peuvent s’effacer. Le poids de ces récits, bien qu’éprouvant, était aussi porteur d’une immense force : celle de la vérité enfin dite, celle du chemin difficile, mais nécessaire vers la guérison.
Plaques commémoratives : un symbole de reconnaissance et de mémoire
Lors de cette journée, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a dévoilé deux plaques commémoratives dédiées à l’ancien pensionnat pour Autochtones de Saint-Marc-de-Figuery. Ces plaques sont bien plus que de simples marques de pierre : elles sont le symbole tangible de la reconnaissance des torts infligés aux enfants anicinapek et atikamekw, arrachés à leurs familles et dépossédés de leur identité, de leur langue et de leurs traditions.
Ce site, autrefois synonyme de douleur, devient aujourd’hui un lieu de mémoire, de rencontre et de guérison, ainsi qu’un endroit où les survivants et leurs familles peuvent se retrouver, se recueillir et amorcer ensemble un processus de résilience.
Un pas vers l’avenir
Ce 30 septembre à Pikogan, la mémoire des pensionnats a été honorée d’une manière profondément émotive, et les cicatrices de l’histoire ont été reconnues. Mais surtout, un pont a été jeté entre les générations, reliant passé et présent, douleur et espoir. Ensemble, Premières Nations et allochtones peuvent marcher vers un avenir où la réconciliation, nourrie par l’amour et la compréhension, devient enfin possible.
Un voyage émotionnel : La Grande marche Mamu Nikantetau relie les communautés
Les participants de la Grande marche Mamu Nikantetau ont réalisé un exploit remarquable en parcourant plus de 25 kilomètres, le 30 septembre dernier, dans le cadre d’un trajet total d’environ 200 kilomètres menant à la chaleureuse communauté de Pikogan. Ce chemin n’était pas seulement une épreuve physique, mais un véritable pèlerinage, permettant à chacun de marcher sur les traces de leurs ancêtres et de renouer avec des racines profondément ancrées dans leur histoire.
À quelques kilomètres de la ligne d’arrivée, l’enthousiasme était palpable. De nombreux membres de la communauté de Pikogan ont rejoint les marcheurs pour les accompagner dans un sprint final chargé de symbolisme. Ce moment de partage a renforcé les liens entre les participants, illustrant la solidarité et l’unité qui transcendent les générations. Ensemble, ils ont honoré la mémoire des enfants disparus et des ancêtres, suscitant une vague d’émotions fortes et sincères.
À l’arrivée, les marcheurs ont été accueillis par une foule enthousiaste de la communauté de Pikogan, dont les applaudissements chaleureux résonnaient comme un hommage à leur courage et leur détermination.
Un immense bravo à tous les marcheurs et marcheuses qui ont emprunté le chemin des ancêtres entre Kitcisakik et Pikogan. Votre résilience, votre force spirituelle et votre esprit de communauté font de vous une véritable source d’inspiration pour tous. Ce voyage restera gravé dans les mémoires et nourrira les liens entre les générations futures.